La grosse femme d’à côté est enceinte – Michel Tremblay
Livre lu dans le cadre du challenge « Québec en septembre » et « Littérature francophone d’ailleurs », paru en 1978.
Au coeur du Plateau Mont-Royal, ce quartier populaire de Montréal qui prend des allures de véritable microcosme social ; une femme de quarante-deux ans, enceinte de sept mois, devient le centre d’un monde réaliste et fantasmagorique. Dans la journée du samedi 2 mai 1942, alors que tourbillonnent émotions et drames de la vie privée, le romancier met en place, avec un grand bonheur d’écriture, les acteurs du premier tome du puissant cycle romanesque des Chroniques du Plateau Mont-Royal.
Encore un auteur québécois découvert avec bonheur dans le cadre du challenge et encore une autre approche du Québec, approche truculente cette fois racontant une journée de toute une série de personnages farfelus vivant dans un quartier populaire de Montréal. Le personnage central est cette grosse femme enceinte dont on ne connaît pas le nom, qui vit recluse dans sa chambre, honteuse et bloquée dans son corps trop âgé et trop obèse pour porter un bébé, cachant sa joie d’attendre cet enfant tant désiré. Toute une famille gravite autour d’elle dans un grand appartement familial, beaux-frères, caractérielle belle-soeur, enfants, neveux, mémorable belle-mère, tous plus bruyants et turbulents les uns que les autres. Des personnages secondaires apparaissent également, des prostituées, la tenancière d’un restaurant et son chat, six autres jeunes femmes enceintes du quartier… et trois mystérieuses filles et leur mère, qui ne sont que des apparitions pour certains des personnages (dont le plus jeune garçon), qui veillent de leur balcon à la vie du quartier qu’elles connaissent depuis des générations, donnant une dimension fantastique à l’histoire. La grosse femme va, finalement, à la fin du roman, remarcher et sortir de sa chambre (et de son mal-être) et accueillir sur son balcon les six jeunes femmes enceintes de son entourage pour les initier à ce qui les attend.
J’ai trouvé l’écriture de Tremblay très intéressante, les dialogues sont mis en avant et nous font découvrir le parler québécois (il faut s’y habituer). Toutes les histoires parallèles apportent des petites touches amusantes, surréalistes, même si il faut s’accrocher un peu au début pour s’y retrouver parmi les nombreux personnages. Chaque bribe de l’histoire a sa morale et son dénouement, et le tout laisse une très agréable impression générale. Je serai tentée de découvrir la suite de ces chroniques (6 tomes).
Quant à l’image de couverture de l’édition que j’ai lue, je trouve que cette femme a vraiment un air très dur, ce n’est pas l’impression que m’a donné cette grosse femme au coeur tendre, je préfère celle-ci:
La couverture de Leméac, on croirait un peu Edward Hopper. Je suis en train de lire un de ses romans récents et j’aime bien l’écriture. J’attends de voir s’il y a un scénario.
Mon premier Tremblay, un coup de coeur dès le début et depuis, il ne me quitte plus cet auteur.