Du mercure sous la langue – Sylvain Trudel
Lu dans le cadre des challenges « Québec en septembre » et « Littérature francophone d’ailleurs »
Frédéric a seize ans et le cancer qui lui grignote l’os de la hanche aura vite fait de clore sa courte existence. A l’hôpital, entouré d’autres adolescents, il profite en accéléré des joies de sa jeunesse avortée. Mais face à sa fin toute proche, Frédéric crie sa révolte. Sous le pseudonyme du » poète Métastase « , il fustige dans ce monologue les quêteurs de bons sentiments et met à nue l’âme des pleureurs. Son courage, il le puise dans le regard de ses parents qui devront l’accompagner dans sa disparition. Au-delà de l’angoisse, son chemin de croix se transforme en un message vibrant d’amour et de générosité. Il se servira de sa mort pour leur apprendre la vie.
Lecture très dure, on suit les derniers jours de ce jeune adolescent à l’hôpital, ses regrets, ses derniers beaux moments avec ses proches et ses amis malades, sa révolte, sa résignation. Le livre est construit comme un monologue continu, on n’a pas le temps de reprendre son souffle, on le lit d’une traite. Frédéric est poète (il se surnomme le poète Métastase). Le texte est parsemé de ses courts poèmes.
Extrait:
Les jours passent et rien ne reste,
pas même la clarté d’une pensée
et les jours tournent mal
et virent à la nuit;
et les nuits mêlent leurs eaux
en tourbillons
où mon reflet se perd en spirales
parmi les étoiles.
Je reproche à ce court roman l’intelligence du propos de Frédéric, on a du mal à croire qu’un garçon de 16 ans puisse avoir de telles pensées et les exprimer de façon aussi profonde, bien que la maladie soit certainement un accélérateur de maturité.
En conclusion livre fort bien écrit, prenant mais tragique, à lire quand le moral n’est pas trop mauvais…
Un livre très fort, que j’ai lu il y a quelques années mais qui reste encore très présent dans ma mémoire. A lire quand on a le moral, effectivement.