Monde sans oiseaux – Karin Serres
Livre lu dans le cadre des challenges Rentrée Littéraire 2013 et Anticipation.
« Petite Boîte d’Os » est la fille du pasteur d’une communauté vivant sur les bords d’un lac nordique. Elle grandit dans les senteurs d’algues et d’herbe séchée, et devient une adolescente romantique aux côtés de son amie Blanche. Elle découvre l’amour avec le vieux Joseph, revenu au pays après le « Déluge », enveloppé d’une légende troublante qui le fait passer pour cannibale.
Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d’un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd’hui disparue. Le lac, d’apparence si paisible, est le domaine où nagent les cochons fluorescents, et au fond duquel repose une forêt de cercueils, dernière demeure des habitants du village.
Une histoire d’amour fou aussi poignante qu’envoûtante, un roman écrit comme un conte, terriblement actuel, qui voit la fin d’un monde, puisque l’eau monte inexorablement et que la mort rôde autour du lac…
Pour moi ce court roman fut un vrai coup de coeur… Quelle originalité dans l’idée et dans l’écriture, quelle poésie dans la rencontre puis la relation qui lie « Petite Boîte d’Os » à son vieux mari Joseph. On suit la vie rythmée par la nature et les saisons depuis l’enfance jusqu’aux derniers jours de cette héroïne, c’est elle qui s’exprime dans le roman. L’histoire se passe au bord d’un lac, qui est un personnage à part entière avec ses cochons flottants et fluorescents, fruits de manipulations génétiques, et les morts du village qui tapissent son fond. Le village est préservé du reste du monde, plus évolué, ses habitants ont gardé une vie traditionnelle dans ce monde d’où les oiseaux ont disparu. L’eau du lac montant au fur et à mesure, le village devient une île de plus en plus petite, les maison roulantes doivent être retenues avec des cordes, la disparition de ce monde préservé semble inexorable, l’étau se resserre. Les personnages secondaires sont tous attachants et un peu fous: la mère qui se baigne dans l’eau glacée du lac en pleine nuit, le frère qui retourne à un état bestial après un accident tragique, l’amie Blanche qui fait des tas d’enfants, le cochon domestique Rosie…
Une fois commencé, impossible de lâcher ce récit, l’écriture est fluide, l’histoire est poignante, émouvante, même choquante par moments, j’en ai été remuée. Je trouve les femmes écrivains douées pour les romans d’anticipation (La Ballade de Lila K de Blandine Le Callet avait été un autre coup de coeur!), il me tarde d’en découvrir d’autres…
Livre lu en lecture commune avec Laurence dont voici le billet que je vais m’empresser d’aller découvrir!
Billet de Laurence du blog Lire oui mais quoi
En bonus, Karin Serres nous parle de son roman
Tout à fait d’accord, une grande poésie et des plus poignante dans ce texte, je n’ai pas lu la balade de Lila K., je devrais alors