Les heures silencieuses – Gaëlle Josse – 2011
Magdalena est l’épouse de Pieter van Beyeren, administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Issue d’une famille de riches armateurs, Magdalena est rigoureuse, soucieuse d’ordre et d’économie, maîtresse d’elle-même et de son foyer. Elle aurait pu succéder à son père si le commerce n’était réservé aux hommes, et la place des femmes à la maison. C’est sur un espace intérieur qu’elle semble s’être repliée. Intérieur où elle s’est fait représenter vue de dos, à son clavecin, près d’une fenêtre éclairant une enfilade de pièces qui respirent le calme, dans un tableau au charme presque irréel peint par un artiste du temps, Emanuel de Witt. Ce décor a ses secrets, que livre le journal intime de Magdalena. Sa déception de n’avoir pu succéder à son père, née sans héritier mâle. Sa rencontre avec Pieter. Toutes les failles intimes de son existence. Un souvenir qui l’oppresse, emplit ses nuits d’angoisse : le meurtre dont elle a été témoin, enfant. Et d’autres infortunes autour d’elle. Sa sœur Judith, qui se morfond de ne pouvoir enfanter. Ses filles, Catherina et Elisabeth, pour lesquelles Magdalena songe à des mariages délicats à arranger. Enfin, son propre sort en tant qu’épouse, quand Pieter décide brutalement de renoncer à tout commerce de chair avec elle, pour ne pas risquer encore une fois de la perdre en couches. A ces inquiétudes personnelles se mêle le récit des efforts d’une famille d’armateurs pour conserver le bien-être.
Gaëlle Josse, dont c’est le premier roman, nous plonge dans la Hollande de 1667 avec un récit tout en délicatesse. La vie est dure et ponctuée de drames pour les femmes à cette époque, mais Magdalena est une femme de caractère. Nous parcourons le journal intime de sa vie d’enfant auprès de son père armateur, de sa vie de jeune mariée et mère auprès de Pieter, puis le drame du rejet de Pieter de toute vie intime avec elle. Ensuite son attirance pour un jeune homme, qui n’a d’yeux que pour sa fille, et enfin le lâcher prise. Ecrit avec une très belle plume, c’est un récit poétique et tragique qui reste longtemps en mémoire…
Gaëlle Josse a écrit depuis ‘Nos vies désaccordées » et « Noces de neige », à découvrir très certainement.
Encore une lecture de l’été (du temps où le blog n’existait pas encore) que je recycle dans le cadre du challenge 0 à 9 pour l’année 1.