Rien ne s’oppose à la nuit – Delphine de Vigan – 2011

 

La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. 

J’ai trouvé ce livre autobiographique de Delphine de Vigan, dont j’avais déjà lu dans un autre style « Les Heures souterraines », fort touchant et bien écrit. C’est l’histoire de Lucile, la mère de l’auteure, elle est issue d’une famille fantasque et joyeuse constituée d’une fratrie de neuf enfants, mais elle vivra de terribles tragédies familiales: un frère noyé, une soeur accidentée, un frère mongolien, un frère suicidé,… Elle basculera tout doucement vers la folie, mais avec beaucoup de moments heureux malgré tout. Cette histoire dramatique est très émouvante est un bel hommage et l’enquête qu’a dû mener Delphine de Vigan pour écrire ce roman a certainement été pour elle aussi, qui a eu une enfance très particulière auprès de Lucile, une forme de psychothérapie.

 

Lecture dans le cadre du challenge 0 à 9 pour l’année 1