‘A la rencontre de deux talents belges du thriller/polar’

 

Dans le cadre du ‘Mois belge’ du groupe Littérature Francophone d’Ailleurs créé par Denis du Blog ‘Au Bonheur de Lire’, je vous propose de partir à la rencontre de deux talents du thriller/polar belge, que j’ai eu le plaisir de rencontrer (virtuellement) pour une interview croisée.

Nous avons adoré leurs romans, essayons d’en savoir un peu plus sur eux ;) .

 

Première auteur, Barbara Abel, qu’on ne présente plus, un talent confirmé.

Barbara Abel

Romans

    • L’Instinct maternel, Paris, Editions du Masque, Le Masque no 2466, 2002  ; réédition, Paris, Éditions du Masque, Masque Poche no 14, 2013
    • Un bel âge pour mourir, Paris, Éditions du Masque, Le Masque no 2471, 2003
    • Duelle, Paris, Éditions du Masque, coll. Grands Formats, 2005 ; réédition, Paris, LGF, Le Livre de Poche no 37161, 2006
    • La Mort en écho, Paris, Éditions du Masque, coll. Grands Formats, 2006
    • Illustre Inconnu, Paris, Éditions du Masque, coll. Grands Formats, 2007
    • Le Bonheur sur ordonnance, Paris, Fleuve noir, 2009
    • La Brûlure du chocolat, Paris, Fleuve noir, 2010
    • Derrière la Haine, Paris, Fleuve noir, 2012
    • Après la Fin, Paris, Fleuve noir, 2013

Littérature d’enfance et de jeunesse

    • Je vous salue Jennifer, tome 1, Toulon, Quandrants boussole, 2008 (en collaboration avec Gérard Goffaux)
    • Je vous salue Jennifer, tome 2, Toulon, Quandrants boussole, 2010 (en collaboration avec Gérard Goffaux)

Prix et récompenses

    • Prix du Roman Policier du Festival de Cognac 2002 décerné à L’Instinct maternel

Adaptations

    • Miroir mon beau miroir, téléfilm de Serge Meynard, avec Marie-France Pisier, Emilie Dequenne et Michel Aumont, 2008 inspiré de Un bel âge pour mourir

 

Deuxième auteur, Frédéric Ernotte, la découverte de 2012, jeune écrivain bourré de talent, dont le premier roman C’est dans la boîte (Editions Avant-Propos, Waterloo, 2012) est magistral, on attend le deuxième avec impatience!

Frédéric Ernotte est un passionné. Il est assistant social et journaliste de formation. En plus de son travail d’écriture, il  travaille dans une banque et est assistant de production pour des émissions de télévision, et il est également à l’origine du blog Journal d’un Workaholic, un espace virtuel où il dissèque notre quotidien sous la loupe d’un bourreau de travail.

C’est dans la boîte a été adapté au théâtre par le Créarc (en France), sous le titre La boîte de Pandore, vivement une représentation en Belgique!

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L’interview

Bonjour à tous les deux, vous vous connaissez bien?

BA: On s’est croisés quelques fois :) .

FE: Ce qui me frappe chez Barbara, c’est sa disponibilité. Le fait que malgré un immense talent et un succès mérité, elle reste fidèle à elle-même. J’ai eu la chance de la croiser plusieurs fois depuis que j’ai mis les pieds dans le monde du polar et c’est un véritable bonheur à chaque fois. C’est un bel exemple à suivre. Sincèrement.

BA: Merci Frédéric… Mais je ne vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire… Pourquoi changer? Et puis, c’est relatif, je ne suis pas Amélie Nothomb non plus (en terme de vente). Je veux dire: tu sors dans la rue et tu demande au premier venu qui est Barbara Abel, je peux t’assurer qu’il n’en aura aucune idée!!! Mais merci, c’est très gentil.

FE: Je suis bien d’accord. Pourquoi changer? Mais ce n’est pas si évident…

Avez-vous lu vos romans respectifs?

BA: Je dois avouer que je n’ai pas encore lu le livre de Frédéric, dont j’ai entendu bcp de bien… A ma décharge, je dois lire environ 2 bouquins par semaine pour mes chroniques culturelles, donc j’ai très peu de temps pour mes lectures personnelles. Mais je compte bien le lire!!!!

FE: « Derrière la haine » est un de mes coups de cœur de l’année 2013. Dans le roman noir psychologique, Barbara est une plume d’une efficacité redoutable. Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire « Après la fin » mais ça viendra…

Quels sont vos autres auteurs belges préférés?

BA: Nadine Monfils, Alain Berenboom, Jean-Baptiste Baronian, Paul Colize, oh c’est horrible, je suis sûre que j’en oublie!

FE: Au rayon coups de cœur, il y a aussi Paul Colize. « Back up » m’a électrisé. Construction remarquable pour un petit bijou. J’ai beaucoup aimé « Un long moment de silence » aussi. Derrière les livres, il y a un homme fascinant qui donne de précieux conseils. Je pourrais aussi citer Georges Simenon ou Amélie Nothomb mais je trouve ça plus intéressant de vous parler de Renaud Coppens avec « La ligue Hollywood » et de Justine Lalot avec son « Pas grand-chose ». Deux romans à découvrir…

BA: Véronique Biefnot!!!!

Pourquoi avoir fait le choix (si c’en est un) d’un éditeur belge (FE) ou français (BA) pour vos romans?

BA: Ce ne fut pas vraiment un choix, les choses se sont présentées comme ça. J’ai gagné le prix Cognac en 2002 et le prix en lui-même était d’être édité aux éditions du Masque. J’ai publié 5 romans chez eux, ensuite je suis passée au Fleuve Noir.

FE: Faire éditer un roman est compliqué d’une manière générale. Si on parle « thriller », il y a peu d’éditeurs en Belgique. Quand j’ai envoyé le manuscrit de C’est dans la Boîte chez Avant-Propos à Waterloo, ils n’avaient pas encore ouvert leur catalogue à ce genre de livre. Heureusement qu’ils fonctionnent au coup de cœur. L’enthousiasme des lecteurs pour mon livre est la plus belle des réponses à cette prise de risque. Pour les éditeurs en France, je crois qu’un jeune auteur de 30 ans, belge, qui sort un polar… c’est une addition de risques. Certains en prennent et d’autres non.

Avez-vous eu des refus avant la parution de votre premier roman?

FE: Des refus pour C’est dans la boîte, oui. Des refus pour un livre qui ne serait jamais sorti, non. Je touche du bois pour le suivant pendant que Barbara répond :) .

BA: Oh que oui!!!! J’ai écrit un roman de 600 pages avant « L’instinct maternel« , que j’ai envoyé partout et qui a été refusé par tout le monde. Ceci dit, je ne leur en veux pas, je l’ai relu il y a quelques années, c’était absolument impubliable! Ceci dit, quelques années plus tard, j’ai repris l’idée et je l’ai complètement réécrit. Ca a donné « La mort en écho » publié au Masque. Comme quoi, on apprend toujours de ses erreurs…

J’imagine qu’une fois le premier publié et ayant eu du succès, les portes s’ouvrent plus facilement? Question pour Barbara surtout, et pour encourager Frédéric :) .

BA: C’est certain. Disons qu’on a déjà prouvé que l’on pouvait mener une intrigue jusqu’au bout. Après, ce sont aussi les chiffres de vente qui servent d’argument. C’est aussi une question de confiance entre un écrivain et son éditeur.

FE: Comme tu le dis si bien, je ne peux pas répondre à cette question. Pour être transparent, aucun éditeur ne me réclame à corps et à cris :) . Ceci dit, les belles critiques sur le premier roman sont intéressantes à mettre en avant au moment de proposer un nouveau projet.

Un de vos points communs c’est le scénario absolument machiavélique de vos romans. Mais comment vous viennent de telles idées?

FE: Dans la vie de tous les jours. Je sais, ça fait peur… Pour être concret, j’étais un jour en voiture avec un ami sur une route en montagne. Dans une épingle à cheveux, il m’a dit qu’il était très heureux que ses freins ne lâchent pas. Un bon point de départ… L’idée des boîtes vient d’un déménagement. En fait, un écrivain doit garder les yeux ouverts et l’esprit à l’affût. Mon inspiration vient potentiellement de tout ce qui m’entoure.

BA: Yerk yerk yerk… Pour ma part, mes idées sont souvent en rapport avec mon quotidien. J’ai une capacité presque maladive à penser au pire lorsqu’une situation « extra – ordinaire » se présente. Ou même ordinaire, d’ailleurs. Lorsque je cherche une idée, je dis souvent que je sors mon radar personnel… Ensuite, l’imagination fait le reste. Ca peut se déclencher à n’importe quel moment de la journée: un scène dans la rue, une conversation chez un commerçant, une rencontre…

Vous inspirez-vous de personnages réels qui pourraient se reconnaître dans vos romans?

BA: Non, en ce qui concerne les personnages, je fais attention de ne pas trop m’inspirer de quelqu’un qui existe vraiment. Je les construis toujours de manière à ce qu’ils aient leur personnalité propre, même si, comme ce sont la plupart du temps des gens ordinaires, ils doivent posséder une « facture » ordinaire. Mais je ne veux pas impliquer de vraies connaissances dans mes romans. Ca doit rester de la fiction.

FE: Je ne fais pas un copié/collé d’une personne de mon entourage pour créer un personnage. Par contre, je pioche des traits de caractère chez plusieurs personnes pour le composer. Créer un « inédit ». C’est un puzzle…

BA: En ce sens, le choix des prénoms est toujours un moment délicat: il faut en trouver un qui ne soit pas celui de quelqu’un qu’on connaît. Pour Derrière la haine, j’avais d’ailleurs choisi Tiphaine, un prénom peu courant. J’en ai finalement rencontré une, absolument charmante!

La Tiphaine réelle n’a pas été choquée de découvrir ce personnage (diabolique)?

BA: Non, elle a bien ri :)

FE: Je confirme, trouver les prénoms est une petite galère. (Rem: ‘C’est la Boîte’ met en scène huit inspecteurs, donc huit prénoms…)

Combien de temps mettez vous pour écrire un roman?

FE: Pour « C’est dans la boîte« , presque trois ans…  (Rem: FE travaille à plein temps à côté de son travail d’écrivain)

BA: Je mets environ 1 an, si on compte la recherche d’idée, la construction et l’écriture proprement dite.

FE: D’ailleurs, quand une lectrice ou un lecteur dévore mon roman en deux ou trois jours, ça me fait toujours penser à ces personnes qui cuisinent pendant des heures et dont on mange le plat avec cœur en trois minutes chrono. Aujourd’hui, je comprends ce que ces personnes ressentent…

BA: Oui, c’est vrai. Mais il vaut mieux ça que le contraire (l’écrire en 3 jours et mettre 3 ans pour le lire :) )

Dans quelle ambiance vous mettez vous pour écrire?

BA: J’écris en général chez moi, installée dans mon vieux divan, avec mon portable sur mes genoux, une tasse de café sur la table basse à côté de moi, des biscuits et mes cigarettes.

FE: J’enfile une combinaison de ski et je mets un chapeau de paille. Plus sérieusement, j’ai besoin de beaucoup de calme pour travailler sur un texte. Dans la mesure du possible, il me faut un bureau immense car j’ai tendance à étaler énormément de documents. Je travaille rarement dans le silence. Je ne peux pas vivre sans musique. Je la choisis en fonction de l’intensité du chapitre en cours sans mettre le son trop fort. La musique est ma compagne discrète indispensable. 

Et Barbara, pas de musique?

BA: Si. Mais ce n’est pas une obligation.

FE: Café aussi. Ou alors un thé. Contrairement à ce que certains lecteurs pensent à cause de Jeff (Rem: le héros de ‘C’est dans la boîte’), je ne carbure pas à la vodka.

 

Aimeriez-vous que vos histoires soient portées à l’écran? 

FE: C’est dans la boîte a déjà une petite sœur sur les planches. « La Boîte de Pandore » est une pièce de théâtre librement adaptée de mon roman par Créarc à Grenoble.

Elle sera jouée en Belgique?

FE: Pas à ma connaissance. J’ai envoyé plusieurs questions au responsable de Créarc mais je n’ai pas encore de réponses.

FE: Ceci dit, je suis un enfant du cinéma. Voir une de mes histoires portée par des comédien(ne)s sur un écran serait hallucinant. Un rêve d’enfant. Un peu comme nager avec les dauphins ! Un jour, qui sait…

BA: Mon second roman, « Un bel âge pour mourir » a été adapté à la télé, avec Emilie Dequenne et Marie-France Pisier. C’est très étrange de voir une de ses histoires portée à l’écran. Grand moment d’émotion! J’ai beaucoup aimé l’adaptation, réalisée par Serge Meynard, avec lequel je suis restée en contact. Sinon, oui, bien sûr, c’est le rêve de beaucoup d’auteurs… En dehors de l’aspect financier (non négligeable), c’est un bel hommage.

Avez-vous eu votre mot à dire sur l’adaptation?

BA: Non, mais Serge m’envoyait régulièrement l’avancée du scénario.

Dernière question: est-ce que les blogs et les réseaux sociaux vous paraissent être de bons interlocuteurs littéraires?

BA: C’est en tout cas le pouls du lecteur, un contact direct avec lui, ce qui n’était pas possible avant (en dehors des séances de dédicaces). Et ça, c’est assez énorme, car on peut directement avoir une idée de ce que pensent les lecteurs. Savoir si le livre plaît ou non. Avant, les critiques ne venaient que des journalistes… Aujourd’hui, n’importe qui peut ouvrir son blog et publier une chronique. Quand aux réseaux sociaux, c’est aussi un formidable outil de partage et donc de promotion. J’ai « rencontré » beaucoup de lecteurs, de chroniqueurs et de libraires sur FB, ça permet un mode de communication immédiat, un contact personnel et donc privilégié. Bien utilisés, les réseaux sociaux sont un formidable outil pour les artistes.

FE: Si j’ai la chance de répondre à tes questions aujourd’hui, c’est parce qu’il existe des lecteurs curieux qui achètent des livres au feeling. Ces personnes ne se privent pas de donner leur avis sur un roman. Le bouche à oreille, c’est un peu mon « On n’est pas couché ». L’espace dans les médias traditionnels est limité. Surtout pour un auteur qui débarque avec un premier roman. Pour être lu, on se tourne naturellement vers les lecteurs qui ont soif de découverte. Un blog est une belle vitrine. Un lieu de partage. On sent de la passion dans les chroniques et c’est valorisant. J’ai fait de magnifiques rencontres grâce aux blogs depuis la sortie de mon roman. « Gros kiss » à ces personnes! Mon compte en banque déteste profondément les blogs ! Mais quand on aime…

Merci infiniment à tous les deux d’être si accessibles et proches de nous simples lecteurs/blogueurs, et de vous être prêtés au jeu de cette interview croisée.

Je (nous) espér(e)ons vous croiser à la Foire du Livre de Bruxelles à laquelle vous participez tous les deux :) .

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6 Réponses à “‘A la rencontre de deux talents belges du thriller/polar’”

  1. denis 27 janvier 2014 à 19 h 18 min #

    Très intéressant ce dialogue croisé. Très « professionnel » Julie, bravo.
    Il ne reste plus qu’à lire les auteurs pour mieux les connaitre car un auteur se révèle aussi dans son écriture, ses thèmes.

    • liresouslemagnolia 27 janvier 2014 à 22 h 46 min #

      Merci Denis :)

  2. Gruz 27 janvier 2014 à 20 h 09 min #

    Quelle riche idée, quelle belle réussite ! Bravo pour cette première interview ! ;-)
    Ah ces auteurs belges, ils sont parfaits ;-)

    • liresouslemagnolia 27 janvier 2014 à 22 h 44 min #

      Bien d’accord avec toi :)

  3. yueyin 27 janvier 2014 à 22 h 09 min #

    très chouette cette interview Julie, intéressante et très bien réalisée :-) Ils ont l’air charmants tous les deux :-)

    • liresouslemagnolia 27 janvier 2014 à 22 h 44 min #

      Merci :)

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